Disturbed [R]

« Retenez bien ceci :
Livre = connaissance = pouvoir = énergie = matière = masse.
Une bonne bibliothèque n'est donc qu'un trou noir cultivé. »

Stylo en main, Sonny suivait le rythme imposé par Mr Pollard, professeur d'histoire, qui semblait ne pas se rendre compte que la plupart de ses élèves étaient affalés sur leur table, endormis. Finalement et alors que ses doigts se crispaient sur son stylo, la sonnerie marqua la fin du cours. Soulagement pour certain, dépit pour d'autre. Sonny, pas plus emballé que ça à l'idée de rejoindre la jungle lycéenne, soupira un bon coup et regarda autour de lui. La plupart avait déjà sauté de leur chaise, pressé de rejoindre l'extérieur. Pathétique.

Puis et comme d'habitude, il rangea ses affaires dans son sac, prenant bien soin de ne pas mélanger l'histoire avec les maths. Un gain de temps d'après Sonny mais, surtout dans la logique des choses. Vous avez déjà vu une serviette rangée avec un torchon ? Une fois ceci fait, il sortit de classe secondant les quelque rares élèves qui s'étaient intéressés un tant soit peu au cours. Le brouha des couloirs résonna chez Sonny comme une douce mélodie de classique mise un peu trop forte. Épuisante. Intense. C'était insupportable. Le flot continue de parole, les pas précipités, les portes qui se ferment, tout n'était qu'une symphonie mal coordonnée. Il fronça des sourcils et chercha Jordan des yeux, décidé à s'éloigner du vacarme des couloirs au plus vite. Celle-ci, était appuyée sur son casier un peu plus loin et semblait en grande conversation avec une amie. Il n'y prêta pas plus attention, ne voulant pas déranger sa meilleure amie et se dirigea vers la bibliothèque d'un pas déterminé. Il n'était - de toute façon - jamais bon pour un geek de rester trop longtemps dans les couloirs. C'était lancé une perche au monsieur biscotto qui bien évidemment ne se gênait pas pour emmerder le monde. Quoi de plus normal après tout ?

Trois minutes plus tard, Sonny poussait la porte de la bibliothèque. L'endroit était partiellement désert, comme toujours. Il salua d'un signe de tête Miss Ratliff qui était plongée dans sa paperasse et avança vers l'étagère des romans. Machinalement, il passa ses doigts sur les couvertures de chaque exemplaire, et s'arrêta sur Voyage au centre de la Terre de Jules Verne, son préféré (qui au passage avait été emprunté et lu par Sonny une quinzaine de fois). Finalement, il rejoignit une table un peu loin où il s'installa dans un silence totale. Il sortit un livre d'algèbre puis le cahier attribué à cette matière et consulta enfin les devoirs à faire pour le lendemain.

Les mathématiques, rien de plus simple.

Quand soudain, une voix familière chatouilla ses tympans.

( silent

)

Cela faisait une heure, vingt sept minutes et trente trois secondes que Marie-Jane était assise sur cette même chaise. Son dernier avait été d'un ennui mortel, un cours sur la civilisation américaine, autant dire pour la demoiselle, un sujet qu'elle maîtrisait déjà et qu'elle trouvait passablement mal expliqué, mais elle n'y pouvait rien, ne pouvait pas être ailleurs, elle s'exécuta comme un bon petit soldat et prit quelques notes, elle leva la main à plusieurs reprises pour demander plus d'explication à son professeur ce qui eut vite tendance à l'agacer après la cinquième réponses il ignora majestueusement son bras levé jusqu'à la fin du cours. Quand celui-ci pris fin, elle fut heureuse de prendre ses affaires et d'aller se cacher à la machine à boisson, d'où sorti un jus d'orange qu'elle venait de payer, mais malheureusement pour elle, un joueur de football passa par là, et après un clin d'oeil furtif qui n'avait aucun effet sur la jeune fille, s'éloigna avec sa boisson. "Non mais quel ..." elle réprima les insultes qui lui venait aux lèvres, et se dirigea vers la bibliothèque sans passer par la case cassier pour ne pas à avoir à subir une nouvelle brimade même minime, ou finir enfermée dans son casier - cette douleureuse expérience n'était survenue qu'une unique fois, en tout cas pour le moment.

Elle arriva enfin dans son élément de prédilection, ce lieu ou les personnes populaires n'entraient jamais, sauf pour flirter sur les tables, ou juste avec les examens pour se donner bonne conscience. C'est machinalement qu'elle se dirigea vers la place qui lui semblait être devenue la sienne pour tout le temps qu'elle y passait. C'est alors qu'une silhouette qu'elle appréciait arriva à ses yeux. Elle s'arrêta, hésita un cours instant, c'était différent, et pourtant même s'il lui avait annoncé que c'était fini, elle n'arrivait pas encore à le croire. *Peut-être ne voudra t-il pas me voir?* Elle ravala sa timidité passagère face à cette personne qu'elle connaissait si bien, elle ne pouvait quand même se mettre à le fuir, cela aurait été trop impossible pour elle, elle l'aimait tellement que ne pas le voir pendant son Week End l'a rendrait presque malade. Elle s'approcha de lui, furtivement, sans un bruit, dans l'espoir de lui peur, elle se pencha et murmurra à son oreille "Tu es assis à ma place". Elle sourit et prit place en face de lui, ne lui tenant pas rigueur d'avoir les fesses là ou devraient être les siennes. Quand elle s'était penchée vers lui, et qu'elle avait senti son parfum vernir chatouiller ses narines, elle avait eu envie de venir lui déposer un baiser sur la joue, sauf que ce geste aurait pu parraître déplacé, et mal interprété, et puis même s'il l'avait été, elle s'en fichait. "Je me suis encore fait avoir au distributeur, encore une boisson en moins pour moi, et une en plus dans le ventre d'un idiot de sportif, enfin bref, rien d'étonnant par cette magnifique journée ensoleillé, sinon toi ta journée?" demanda t-elle en captant son regard pour ne plus le lacher, elle plaça ses coudes sur la table et soutint son visage pour le fixer en attendant la réponse. Il n'y avait qu'avec lui que les devoirs semblaient si loin.

"Tu fais quoi ce Week End?" demanda t-elle subitement oubliant qu'ils n'étaient plus ensemble, ce qui le revint en mémoire la fin de la question posée, elle se voyait bien faie une sortie ciné, mais dans ces conditions...

« Tu es assis à ma place. »

Sonny sursauta légèrement comme surpris par la voix mélodieuse de Mary-Jane. Oui car c’était bien MJ qui était postée derrière lui. Instinctivement, la proximité qu’elle avait mis entre leur deux corps, lui arracha un frisson. Léger et imperceptible. Elle avait toujours eu ce don spéciale. Cette façon de le troubler, de lui voler quelque rougissements. Un peu gêné par la chaleur de son souffle qui venait d’effleuré sa peau, Sonny la suivit des yeux.

Elle s’installa en face de lui, le sourire aux lèvres. Sonny ferma alors son livre d’algèbre, oubliant ce qu’il était en train de faire. La personne qui était en face de lui était bien trop intéressante et surtout bien trop importante pour que des équations viennent le perturber. Il appréciait ces moments de tête à tête plus que de raison, comme si elle faisait encore parti de lui. Au fond, c’était encore le cas. Ces sentiments qui quelque mois plus tôt lui avait fait peur étaient revenus au galop. Elle le possédait encore seulement et par logique, Sonny ne devait pas ou plutôt ne devait plus ressentir ce qu’il éprouvait pour elle. Il avait rompu. Point. Il n’était rien de pire que d’avoué ses propres erreurs même pour un garçon comme Sonny. Finalement, elle prit la parole la première, ce qui au fond le soulagea.

« Encore ? » Souffla t-il, écarquillant à moitié les yeux. Il n'était pas pour autant étonné, lui même subissait souvent ces comportements idiots et puéril mais comme toujours, elle faisait partie de son quotidien. « Tu devrais éviter de passer par la case distributeur. » Il haussa des épaules, plongeant à son tour son regard dans celui de son ex petite amie. « Rien de bien intéressant. Je me suis retrouvé coincé dans les toilettes se matin par cet abruti de monsieur muscle. Autant dire qu’il n’avait rien de plus intelligent à faire celui là. Donc en somme, journée basique » Répondit-il sourire aux lèvres, plutôt amusé à l'idée de cette mésaventure. En y repensant, les toilettes c'était toujours mieux que l'étroitesse d'un casier.

« Ce week-end ? » Questionna t-il, prit de court par la question. « Je pensais aller au cinéma. » Il parut alors réfléchir. Et si .. Et si, finalement il l'invitait ? Prennant son courage à deux mains, il reprit « On peut y aller ensemble, si tu veux. Si tu n’as rien d’autre de prévu, bien sûr. » Même si, ils n'étaient plus un couple, rien ne les empéchait de sortir en tant qu'amis. Si ? Sonny, lui, n'y voyait aucune objection. Passer un week end sans voir Mary-Jane était impensable, bien qu'il refusait de se l'avouer encore.

« On pourrait manger un morceau au Burger King avant ou après. » Conclua Sonny en rangeant ses affaires une fois de plus dans son sac. Puis, il releva les yeux vers Mary-Jane, captant à son tour la chaleur de son regard.

"On doit avoir des têtes de turcs" conclut-elle quand Sonny lui raconta sa journée tout aussi pasionnante que la sienne. Elle ne précisa pas que pendant quasiment tout le cours d'histoire elle n'avait les yeux rivés que sur lui, car être dans la même classe présentait à la fois des avantages et des inconvénients. "Mais si je ne vais plus au distributeur, je vais mourir de soif!" ironisa t-elle en imitant à la perfection une pom pom girl prête à défaillir. Nouveaux rires.

La question était sortie comme ça, par habitude sans doute. Elle le regarda inquiète de sa réaction, au début il fut aussi surpris qu'elle, mais très vite l'atmosphère se détendit, car ils pensaient pareil. C'était dingue comme quoi même s'ils n'étaient plus ensemble ils semblaient encore si étroitement liés. MJ se demanda pendant un quart de seconde si ce n'était pas son subconscient qui lui avait joué ce vilain tour pour orchestré des retrouvailles avec Sonny dans le but de le récupérer et d'arranger les choses, car à vrai dire, elle, elle ne voulait qu'une chose, qu'il revienne, et que tout se passe comme avant. "Non j'ai rien de prévu" répondit-elle un peu trop joyeuse à l'idée de se retrouver dans une salle obscure avec son ancien petit ami. Elle reprit contenance et ajouta "C'était justement ce que je voulais te proposer, il y a un bon film qui est sorti cette semaine et je voulais le voir, je pense que tu aimeras, à moins que tu souhaites choisir cette fois ci?". Elle sourit.

"C'est d'accord, ça fait longtemps que je n'ai pas mangé au BK". Elle hésita, devait-elle demander à d'autres amis de venir, voulait-il qu'ils se retrouvent seuls ou alors non? Serait-ce une sortie entre amis avec d'autres amis, ou alors autre chose? Des questions qui pertubaient la jeune fille qui se mit à faire craquer ses doigts, elle faisait toujours ça quand elle était nerveuse. "Tu veux inviter quelqu'un d'autre?" demanda t-elle en baissant la tête pour fixer un point inexistant sur la table. "Je veux dire... tu veux peut-être y aller avec une autre... copine" dit-il en évitant de grimacer sur le dernier mot. Elle avait peur que Sonny l'oublie trop vite et qu'il soit déjà passé à autre chose alors que c'était loin d'être son cas.

"Tu pourras venir me chercher? Ma mère ne veut pas me laisser sa voiture, et mon père est en déplacement" demanda t-elle, car habituellement, c'était toujours lui qui venait la chercher, en tout cas avant, et ça lui manquait déjà, tout comme le baiser sous le porche pour se dire bonne nuit et à demain.

Sa main se posa sur ses lèvres, étouffant un rire face à son imitation grotesque. « Tu devrais te présenter à la sélection des pom pom girl. Tu serais presque parfaite, tu sais. » Il leva ses yeux rieurs vers la bibliothécaire puis reposa son attention sur MJ, qui semblait prendre sa remarque avec amusement. « J'suis sûr que te voir avec une telle tenue doit être agréable. » S'amusa t-il, conscient qu'il en disait peut être un peu trop sur ses fantasmes secret. Non, non. MJ en pom pom girl ? Même ses rêves n'osaient l'imaginer.

Finalement, elle accepta son invitation et avoua par la même occasion y avoir penser. Rassuré par ce fait, Sonny se détendit. Pensaient-ils alors à la même chose ? Il l'espérait. « Je te fais confiance. Après tout, tu connais mes goûts mieux que quiconque. » Ajouta t-il, souriant. Elle le connaissait par cœur autant qu'il connaissait ses habitudes sur le bout des doigts, de sa couleur préférée au plat qu'elle adorait manger. Il n'y avait jamais eu de secret entre eux et c'était quelque part pour ça, qu'ils avaient été si proche dés le début de leur relation. Mary-Jane avait été sa première vrai petite amie (et il esperait qu'un jour même lointain elle le redeviendrait), loin des amourettes du collège et comme beaucoup à son âge, il s'était posé des tonnes de questions, espérant faire face à cette toute nouvelle expérience de la vie. Résultat ? E -. La plus mauvaise note qu'il n'ait jamais eu. « Parfait alors. » Il lui adressa un sourire et ajouta, avec une moue sérieuse. « Et c'est moi qui offre. » Oui, car après tout la galanterie, c'était ce qui faisait craquer les filles.

« Oh non non » S’empressa-t-il de répondre, lui coupant presque inconsciemment la parole, inquiet à l'idée qu'elle puisse croire qu'une autre occupait ses pensées. MJ hantait ses rêves, ses pensées et même ses secondes. Il ne pensait qu'à elle, toujours. C'était étrange, bizarre même. Ils étaient encore si proche qu'on pouvait facilement confondre l'amitié et l'amour. Le passé semblait rattraper Sonny à grand pas, aujourd'hui plus que d'habitude. Parfois l'idée même qu'il puisse avoir droit à une seconde chance, lui avait effleuré l'esprit pour finalement s'envoler quelque part, loin de lui. Si seulement. « J’avais pensé qu’on pourrait … » Il hésita un quart de seconde, surpris lui même d'envisager une telle chose. « Qu'on pourrait faire comme avant. Enfin y aller que tout les deux quoi. » Le rouge lui monta aux joues assez facilement, prit entre la joie d'être avec MJ et troublé par le fait d'être en tête à tête avec elle. N'était-ce pas de la peur ? Sans doute, puisque son cerveau bien trop remplis se mis à calculer la probabilité qu'il y avait à ce que MJ et lui retrouvent ce qu'ils étaient autrefois, un couple. Mais malgré lui, les mathématiques ne résolvaient jamais les équations du coeur.

« Oui. Je pense que ça posera aucun problème à ma mère vu qu’elle t’adore. » S'amusa Sonny.« Disons vers 19h00, 19h30 ? Ca ira ? »

"Presque!?!" s'indigna t-elle en baissant la voix tout à coup quand la bibliothécaire commença à la montrer du doigt *oups* "Je suis parfaite!" continua t-elle plus calmement en riant faiblement avec son ami. "Vas-y dis que mes fringues sont ringuards? D'accord je suis pas top tendance, mais hors de question qu'on ne pense à moi juste à cause de mon physique avantageux" se défendit-elle maladroitement. *Bon d'accord, j'avoue que mes pulls laissent à désirer, que c'est pas glamour, mais ça tient chaud pour une frileuse comme moi*

C'est comme si elle remontait quelques mois auparavant et qu'elle retrouvait son Sonny, toujours prévenant, celui qui lui manquait, celui qu'elle aimait. Elle souffrait en silence de ce malaise entre eux, de leur séparation aussi. "Oh non tu as déjà payé la dernière fois qu'on est..." elle ne termina pas sa phrase, terriblement gênée de se souvenir de leur dernière sortie au cinéma tous les deux, seuls. Elle s'en souviendra toute sa vie, car c'était ce soir que Sonny lui avait annoncé qu'il souhaitait rompre, et qu'elle n'avait pas eu le courage de le forcer à rester. Elle avait pensé que c'était de sa faute, qu'elle n'était pas ce qu'il attendait de l'amour, qu'il n'aimait plus cette routine entre eux, qu'il voulait plus de liberté, et peut-être une fille qui voudrait passer à l'acte et qui serait plus attirante et sexy qu'elle. Elle avait tout ruminé pendant des jours, se coupant des autres geeks qu'elle avait pour amis. Puis petit à petit elle avait accepté de sortir de temps en temps, toujours avec Sonny, mais cette fois ci avec des amis en plus ce qui était bien différent. Elle avait encore de vilain réflexe, comme tendre la main pour prendre la sienne, mais à chaque fois elle se souvenait à la dernière seconde et son geste n'était plus rien qu'un simple geste pour remettre ses cheveux en place... "Moitié, moitié" décréta t-elle avec le sourire, un brin fané. *je dois me reprendre, pas ici, non pas craquer ici* "Car si tu n'es pas au courant, ce sont les femmes qui dirigent le monde, sans elles les grands hommes politiques ou scientifiques ne seraient rien, alors un partage des dépenses s'impose" *Mon dieu non pas ça, voilà que je mets à lui dire des sottises, j'espère qu'il ne remarquera rien, par pitié*

Ses yeux se soulevèrent de la table pour briller de milles feux quand il lui avoua qu'il n'avait personne pour le moment, elle s'en doutait car elle l'aurait vite remarqué, mais doutait du fait que Sonny lui en parle en premier directement. Elle était si soulagée et heureuse qu'elle avait du mal à contenir sa joie, elle aurait pu elle aurait fait la danse de la joie tel un indien de lucky luke dans la pièce. Elle se retint de lui dire que cela était une bonne chose, car elle ne voulait que son bonheur, même cela lui briserait le coeur de le voir avec une autre qu'elle. "Euh..." se contenta d'elle de bafouiller devant la proposition inattendue du jeune homme, elle en avait tellement rêvé qu'elle ne savait plus quoi répondre, et elle bafouillait. *Comme avant* étaient les deux mots qui résonnaient comme un doux espoir dans sa tête. "Oui" se contenta d'elle de répondre en se cachant le visage avec ses longs cheveux pour ne pas qu'il remarque à quel point il pouvait influencer son humeur encore aujourd'hui.

"Oui c'est vrai, et quand je pense que mon père ne t'aime pas, mais ne t'inquiètes pas, il ne sera pas là pour te faire l'habituel speech, tu t'occupes bien d'elle, et je veux qu'elle soit rentré à l'heure précise" imita t-elle son paternel. "Oh et tu te souviens de la fois où il m'avait envoyé dans la cuisine pour te parler d'amour et de contraception, et que si cela arrivait il te briserait les jambes" rigola t-elle. "Bon d'accord ce n'était pas drôle pour toi, mais pour moi si". Elle croisa une nouvelle fois les yeux de la responsable des lieux. "Je crois qu'elle nous déteste" dit-elle en montrant d'un signe de tête la femme à Sonny. "Elle aussi doit être jalouse de nos rires incontrolés".

« J’oserais pas. » se défendit-il à son tour en levant les deux mains en l’air comme pour attester de son innocence avant de rire bêtement. La présence de la bibliothécaire ne le gênait plus, il était tellement bien que se soucier d’autre chose que de MJ n’était pas important. « Je préfère largement une tête d’ampoule comme toi qu’une pouffe comme celle qu’on voit souvent traîner à la sortie des vestiaires. » Osa-t-il, avec maladresse. Les compliments n’était pas du tout sont fort, ce qui était bien évidemment perceptible. Mais compliment ou non, c’était la stricte vérité. MJ était tout ce qu’une fille pouvait espérer avoir sans la popularité, les geek étant bien évidemment fuit comme la peste. Jolie, douce, attachante, intelligente, drôle. Oui, MJ était la perfection incarnée.

Comme il l’avait prévu, son ex petite amie ne fût pas d’accord. Ce n’était certainement pas une surprise. Il allait rétorquer quelque chose quand Mary-Jane commença une phrase qu’elle ne termina pas et pour cause. La dernière fois qu’il avait payé, c’était pour rompre. Sonny la chercha alors du regard presque désolé de lui avoir causé autant de souffrance. Il avait été égoïste et idiot, un peu comme ses playboys de sportif alors qu’il était à l’opposé de ces énergumène. Aujourd’hui, il s’en mordait les doigts. Chassant ses quelques pensées nostalgiques, Sonny ne chercha pas à imposer son envie. Il payerait donc à deux. « D’accord. » Fit-il alors que ses yeux se posaient sur le sourire nostalgique de son amie, qui exposa ensuite son point de vue sur les femmes et la dépense partagé. Sonny écarquilla alors les yeux. « Mouais, mouais. » Il secoua légèrement la tête, septique. « Et si moi ça me fait plaisir de payer ? On fait comment ? » Questionna-t-il, attendant impatiemment la réponse qu’elle allait lui fournir.

Enfin, elle releva les yeux. Un regard emplit d’une étincelle qu’il n’avait jusqu’alors pas remarqué. Immédiatement et à son oui, Sonny ne sut quoi répondre. Seul, un sourire plus large illumina son visage.

« Très bonne imitation. » rigola-t-il « Mais soit dit en passant, j’ai l’habitude. Et puis, c’est pas comme si j’étais le délinquant du coin. » Elle évoqua alors un souvenir qui fit de nouveau rire Sonny. Oh que oui, il se souvenait. « Oui, je me souviens. C‘était la première fois que je mangeais chez toi avec tes parents » Ressasser les souvenirs n'étaient surement pas la bonne méthode pour oublier et baser leur nouvelle relation sur l'amitié mais c'était plus fort qu'eux.« C’était surtout gênant. » Avoua finalement Sonny.

Puis, Sonny leva à son tour les yeux vers Miss Ratliff, lui adressant un regard sympathique alors qu’elle continuait de marmonner dans une barbe invisible. « Tu plaisantes ? Personne ne peut détester la présidente des élèves. » Affirma-t-il en essayant de paraître sérieux. Il reporta alors son regard sur Mary-Jane. « Nous perturbons le silence de mort qui règne en ces lieux. Attention. » Se moqua-t-il.

Un cinéma avec Sonny, avant cette phrase aurait sonné à ses oreilles tellement basique, mais aujourd’hui c’était comme pour le premier jour, c’était comme s’ils reprenaient tout à zéro – ou presque – et que c’était leur tout premier rendez-vous, même si aucun des deux n’avaient osé prononcer cela en ces mots et que ce n’était en rien officiel, cela ravivait la flamme dans le cœur de MJ, cette flamme qui s’était amenuise mais jamais vraiment éteinte. Que pouvait-elle lui dire maintenant ? Que devait-elle faire ? Elle s’avoua vaincue pour cette fois en ce qui concernait le partage des dépenses de la future soirée « D’accord, tu pourras payer cette fois-ci, mais, car il y a mais » le prévint-elle en pointa son index sur lui. « La prochaine fois ça sera moi » finit-elle. La prochaine fois, cela impliquerait qu’ils devraient se revoir pour une autre sortie en tête en tête, ce qui n’était en rien déplaisant pour la jeune fille bien au contraire.

« Je pense qu’il y a une séance vers 21h30, donc on peut manger avant, donc viens plus me prendre vers 19h30 » dit-elle en omettant le fait que c’était pour avoir plus de temps pour elle de se préparer. Ses yeux brillaient comme des étoiles.

« Non tu n’es pas un petit délinquant, sinon tu n’aurais jamais passé la porte ! » dit-elle en imaginant la tête qu’aurait fait son paternel si elle avait ramené un garçon tatoué ou un truc du genre. « Oh oui c’est vrai que c’était ton premier repas chez les Dorner, ma mère avait même cuisiné, une horreur d’ailleurs, je me souviens juste des épinards infectes, elle t’avait regardé durant tout le diner pour vérifier que tu finissais bien ton assiette, et je ne sais toujours pas comment tu as réussi à manger ça jusqu’à la dernière bouchée sans être malade et tout rendre sur la table ! » elle s’éclaffa une nouvelle fois. « Depuis ce jour tu fais parti de la famille, car tu arrives à survire la cuisine de ma mère » plaisanta t-elle sans pour autant en faire trop, car pour elle Sonny était toujours le bienvenu chez elle, et ses parents adoraient le garçon. « Présidente ou pas, je ne suis pas la préférée de tous, je pense que seuls les geeks ont voté ce jour là, sinon pourquoi serais-je à la tête de ce pouvoir suprême mon ami ? ».

Elle regarda sa montre machinalement et se leva d’un bond. « Oh mon dieu, je vais rater mon bus ! » dit-elle en ramassant sa veste et courant vers la sortie suivie par son ex et ami Sonny. « On se voit donc demain, ne m’oublies pas ! » dit-elle en montant juste à temps dans son bus et lui faisant un signe de la main avec un énorme sourire sur les lèvres.

***

LE JOUR J : CINEMA PAS COMME LES AUTRES.

« Marie-Jane Dorner veuillez quitter cette salle de bain immédiatement ! » demanda sa mère en tambourinant à la porte.
« Mais maman, c’est MA salle de bain ! » rétorqua la jeune fille en sortant de la douche.
« Tu ne t’es pas lavé ce matin ? Et puis j’ai besoin de toi au salon pour choisir la nouvelle couleur des rideaux » expliqua sa mère.
« MAMAN !!! Je m’en fiche de tes rideaux, et puis d’ailleurs sors de MA chambre, je ne t’ai pas permis d’entrer ! » s’énerva la jeune fille en s’enrubannant dans des serviettes. Elle ouvrit la porte coléreuse.
« Et bien jeune fille ce n’est pas une façon de parler à sa mère, et puis je suis encore chez moi mademoiselle. Qu’est-ce qui t’arrive ? » demanda sa mère inquiète, qui espérait plus que tout que sa petite MJ ne lui fasse pas une crise d’adolescente.
« Je me fiche des rideaux maman… j’ai… j’ai… prévue une sortie ce soir » expliqua t-elle en rougissant.
« Oh un rendez-vous, c’est génial mon canard, je le connais ? »
« Maman ça ne te… bon d’accord… avec Sonny. » dit-elle avec le doux espoir que maintenant qu’elle savait elle partirait. Raté.
« Oh alors c’est reparti entre vous deux, c’est super, euh… non faut dire cool maintenant je crois ? … bref je savais que vous étiez fait l’un pour l’autre… vous avez prévu quoi ? J’espère pas des bêtises comme les jeunes de maintenant qui se cache dans leur voiture pour… enfin… pour… » Madame Dorner joignit ses deux index pour montrer de façon maladroite de quoi elle voulait parler.
« MAMAN ».

MJ poussa sa mère hors de sa chambre et verrouilla derrière elle. Elle passa le reste de l’après midi à trouver sa tenue, à sa coiffer, et se maquiller. Elle opta pour un chemisier noir, une jupe qui lui arrivait au genou, noire toujours, des cheveux un peu bouclés, avec un peu de rouge à lèvre, ainsi que du maquillage sur les yeux. Juste de quoi être à la limite de la fille décontractée qui sortait avec un ami, et le rendez-vous galant. Seule petit plus, elle laissa le médaillon que lui offert Sonny pour leur trois moi, autour de son cou. Elle ne l’avait jamais quitté depuis, sauf pour dormir et se doucher afin de ne pas l’abîmer, sauf que maintenant il était habituellement caché par l’un de ses horribles pulls.

Elle patienta pendant une demi heure dans le salon, à la fenêtre soulevant discrètement le rideau des que des phares passaient dans la rue. Après une dizaine de véhicule celui qu’elle attendait arriva enfin. Elle courut à la porte et avant même que Sonny eut le temps de sonner, elle ouvrit, déposa un baiser furtif sur sa joue qui la fit rougir jusqu’à l’os, et prit la main de Sonny pour le précipiter dans sa voiture.

« Vite sinon… »
« MJ, c’est Sonny ? Je vous ai préparé des biscuits. MJ ? MJ ? »

***

« Très bien, chef » Plaisanta-t-il, excité à l’idée de savoir que peut-être une autre soirée en tête à tête s’offrait à lui. C’était sa chance ou plutôt la chance de retrouver les lèvres de Mary-Jane. « D’accord. Je viendrais alors vers 19h30. » Acquiesça-t-il. Ils avaient donc largement le temps de manger au BK et ensuite aller au cinéma.

Il l'écouta, attentivement. Tout ces souvenirs étaient gravé en lui, lui rappelant sans cesse que rompre avec elle, avait été une mauvaise idée. Il avait cru pouvoir oublier, pouvoir se convaincre que même si ils étaient restés ensemble, leur couple était voué à l'échec. La séparation, il avait envisagé ça comme quelque chose de banal sans savoir qu'au fond son coeur allait en souffrir. Bien trop d'ailleurs. Sonny leva les yeux au ciel, un large sourire aux lèvres puis capta le regard de MJ. « Ta mère n’est pas une très bonne cuisinière, j’avoue » Rigola-t-il en se souvenant du goût infecte des épinards que sa mère avait préparé ce jour là. Il n’aurait su dire si ils étaient trop cuits ou pas assez, à vrai dire, il avait quand même du finir son assiette sous les yeux de Mme Dorner. La politesse, c’était parfois énervant.

« Parce que tu es sexy, voyons. » Ironisa-t-il, s’amusant de plus belle.

Elle se leva soudainement, surpris, Sonny sursauta. Quoi le bus ? Il écarquilla des yeux. Si elle loupait son bus, lui aussi, vu qu’il prenait le même. Seul l’arrêt changeait. Il courut alors à sa suite passant devant la bibliothécaire qui lui sommait de ne pas courir ici.

***

Samedi soir

« Bon dieu Sonny, rentre moi cette chemise dans ton pantalon ! » hurla sa mère alors que le jeune homme venait à peine de poser un pied dans les escaliers. Debout dans l’encadrement de la porte de la cuisine, elle fixait son fils avec intérêt. « Comment veut-tu plaire à Mary-Jane si tu ne t’habilles pas correctement. » soupira-t-elle en s’approchant de Sonny. « Maman, laisse cette chemise tranquille. » rétorqua-t-il en reculant de quelque pas. Seulement Mme Prescott ne l’entendait pas de cette oreille et attrapa Sonny par le bras. « Et la cravate ? Où elle est ? Dans mon temps, les garçons s’habillait plus élégamment quand il sortait avec une fille. » commença-t-elle a expliquer alors que Sonny ne montrait aucun intérêt à savoir ce qu’elle faisait lorsqu’elle était jeune. « Chérie, laisse le un peu respirer. Ce n’est plus un bébé. » Lança Mr Prescott du salon où il regardait un match de baseball. Sa mère se retourna alors brusquement rejoignant son mari. Sonny en profita pour rejoindre précipitamment l’entrée. « A plus tard ! » lança-t-il en fermant la porte.

Quelque minute plus tard, il se retrouvait garer devant la maison des Dorner. Il descendit de la voiture et tenta de se regarder dans le rétroviseur, finalement et comme il n’avait vu qu’une partie de son visage, il opta pour la vitre. Sonny portait une tenue plutôt « cool » sans pour autant être négligé. Après tout et comme sa mère l’avait cru ce n’était pas un rendez vous galant, du moins pas explicitement. Il portait une chemise noir remonter sur ses avants bras (il faisait chaud pour un mois de septembre) et qui sortait de son jean, chose qui n’avait pas plus à Mme Prescott. Une veste surplombait le tout. Puis, il prit le temps de remettre ses cheveux en place et se dirigea ensuite vers l’entrée. Il n’eut cependant pas le temps de sonner à la porte que Mary-Jane se précipitait déjà sur lui. Elle déposa un rapide baiser sur sa joue. Ce doux contact le fit frémir mais il tenta de garder une prestance convenable. Il aurait tellement eu envie de la prendre dans ses bras et de déposer un baiser au coin de ses lèvres. « Tu es … très jolie » Murmura-t-il à son oreille. MJ lui attrapa ensuite la main et l’entraîna dans la voiture. Mme Dorner avait préparé ces fameux cookies.

« On l’a échappé belle. » Rigola-t-il en ouvrant la portière à Mary-Jane. Puis, il entra à son tour dans la voiture. « J’espère que tu as faim. » Continua t-il en démarrant et ils filèrent vers l’est. Mary-Jane habitait dans le quartier Sud, celui qu’on prétendait être le plus riche au vu des pavillons qu’il contenait. Sonny n’avait pas cette chance, ces parents étaient des personnes modeste, il avait donc acheté une petit maison dans le quartier nord de la ville. Sonny ne se plaignait pas pour autant, il adorait son quartier autant que la maison dans laquelle il avait grandi.

***

Sonny poussa la porte du Burger King, laissant entrer d’abord Mary-Jane. Ils se dirigèrent vers le comptoir, par chance, il y avait peu de monde. « Je te laisse d’abord commander. »

Pendant toute l’après midi elle avait laissé ses devoirs de côté, même son projet d’article pour le journal était devenu totalement obsolète devant la mission qui s’imposait : se faire jolie. Elle avait tout prévu dans les moindres détails, jusqu’à son parfum, subtile, charmeur mais sans en abuser pour ne pas sentir comme un putois. Puis le grand moment était arrivé, il était là, juste là, derrière la porte, lui, celui pour qui son cœur n’avait jamais cessé de battre depuis ce temps. Il n’avait jamais été loin d’elle depuis leur rupture, mais pourtant il lui semblait que cela faisait une éternité qu’ils ne s’étaient pas retrouvé seuls, vraiment qu’à deux. L’amitié était toujours là, mais pour la jeune Dorner, l’amour n’avait cessé, elle n’avait même jamais songé à tourner la page. Certaines personnes disaient qu’elle était folle, qu’elle devait passer à autre chose, l’oublier, qu’une amitié véritable entre une fille et un garçon n’était pas possible, que cela finirait mal, que le sexe viendrait gâcher tout ça, surtout si en plus il était son ex, ça n’arrangerait rien, cela deviendrait impossible, qu’elle se faisait du mal à ressasser le passé, les bons vieux souvenirs… Et pourtant malgré tout ça, non rien, rien pour MJ n’avait changé dans sa façon de regarder Sonny, d’accord elle se faisait plus discrète, elle ne pouvait plus lui prendre la main, ou l’embrasser en public malgré ses folles envies. Alors quand il arriva chez elle, elle sentit son cœur se nouer, et son estomac se retourner. Elle avait cette sensation, vous savez ses petits papillons dans le ventre, juste avant le baiser, lors du premier rendez-vous.

Cette sensation s’accentua quand Sonny lui fit un compliment sur sa tenue, elle ne peut s’empêcher de rougir comme l’adolescente qu’elle était encore. « Merci » dit-elle, sentant encore le souffle chaud de Sonny contre sa nuque. Que c’était agréable quand il faisait ça, quand il était comme ça, moins sur la défensive, comme avant. « Tu es très beau aussi » dit-elle à son tour en remarquant qu’il avait opté tous deux pour la chemise noire, encore une drôle de coïncidence.

« Et comment ! » ajouta t-elle en riant avec son ami dans la voiture à propos de sa pauvre mère. « Je suis affamée ! Tu te doutes bien, mon père n’est pas là, alors c’est forcément ma mère qui cuisine, le chien lui-même n’a pas apprécié mon assiette ce midi ». Malgré le fait que ce soit sa mère qui soit présente ce week end, elle était plus ou moins heureuse, son père, un grand commercial avait dû s’absenter pendant quelques jours, de quoi laisser la jeune fille tranquille avec ses fréquentations masculines, en l’occurrence Sonny. Elle savait que ce soir en rentrant chez elle, son paternel ne serait pas derrière la porte à l’attendre, et que sa mère serait déjà au lit, un somnifère prit, depuis un moment. Elle vérifia dans son sac à main qu’elle avait attrapé en sortant que ses clefs étaient bien là, c’est bon elle pourrait rentrer chez elle ce soir. D’ailleurs elle se rappela qu’elle avait promis au pasteur de son église de venir l’aider avant la messe, elle enverra un message demain à une amie bénévole pour qu’elle y aille à son place. Le dernier serment portait sur le sexe avant le mariage, ce qui avait légèrement mis mal à l’aise la jeune fille.

La galanterie de Sonny la fit sourire, plus personne ne se comportait comme ça de nos jours. Ils étaient à peine entrer devant le comptoir que déjà une jeune fille en casquette leur lança un agréable « Bonsoir, je vous écoute ». Marie-Jane prit encore une minute pour regarder les différentes affiches placardées sur les murs – il n’y avait personne elle pouvait prendre son temps pour une fois – et après réflexion elle commanda : « Je vous prendrai un menu salade, celle au poulet, avec comme boisson un jus d’orange, avec ceci une petite frite et un petit hamburger sans oignon sans cornichon s'il vous plait. » elle se retourna vers Sonny « ça ira ? » demanda t-elle en ayant l’impression qu’elle avait exagéré sur sa commande. « Tu veux toujours pas qu’on fasse moitié-moitié ? » demanda t-elle. La caissière lui annonça une minute d’attente pour son hamburger spé. MJ n’aimait pas les cornichons, les oignons si, mais elle se souciait de son haleine. Car peut-être que par la suite, elle avait le doux espoir que Sonny reviendrait sur sa décision. Qui d’ailleurs pour MJ était loin d’être suffisante. « Et pour vous jeune homme ? » demanda alors la caissière avec un large sourire commercial. MJ l’aurait tué sur place pour le ton mielleux qu’elle venait d’employer, et oh elle était là, juste à côté ! Ok ils n’étaient pas entrés main dans la main dans le restaurant mais quand même ! MJ fulmina dans son coin pendant que Sonny passait sa commande et qu’on les servait.

Arrivés à leur table, une dans le fond de la salle, sur des banquettes, proche de la fenêtre, MJ s’assit en face de Sonny et lui lança un regard noir « Tu as vu comment elle t’a parlé ! » s’indigna t-elle soudainement ! « Non mais franchement comment elle t’a dragué, j’ai trouvé ça… » elle ne finit pas sa phrase car le seul mot qui lui venait à l’esprit était ‘insultant’, oui insultant pour elle ! Sonny était un garçon très gentil avec un charme fou dont il ne se doutait pas.

La sensation de bien être n’était rien comparée à celle qu’il éprouvait au moment même où ses yeux s’étaient posés sur Mary-Jane. Un sentiment de bonheur qu’il n’avait jamais oublié, qui était resté ancré en lui comme une marque indélébile. Même en mettant fin à cette relation, même avec la souffrance du manque, rien n’avait fait disparaître cette absence qu’il éprouvait. La voir chaque jours à ses cotés n’avait fait naître que l’angoisse, la peur de défaillir devant celle que son cœur murmurait chaque soir lorsque le voile brumeux de la nuit tombait sur ses paupières. Sonny n’avait jamais imaginé pouvoir ressentir une telle chose et pourtant, posté à ses cotés, il retrouvait ce bonheur si inattendu. Il ne se sentait pas fébrile bien au contraire et même si le manque d’assurance était là, Sonny parut contrôlé les divers émotions qui le traversait. Il l’écouta commander, tout en posant ses yeux sur son visage, sur son sourire qui lui avait tant manquer. Il sombra alors dans des pensées, oubliant l’espace d’un instant qu’il se trouvait dans un fast-food. C’était comme si, une lumière divine était braqué sur Mary-Jane, n’offrant à Sonny que la possibilité de la contempler. Finalement, c’est la voix de son ex-petite amie qui le tira de ses songes. Il tenta de remettre de l’ordre dans ses pensées. « Hein ? » Il fronça légèrement des sourcils. « Ah, oui oui. » A vrai dire, Mary-Jane avait toujours été aussi .. Difficile avec la nourriture (surtout les hamburger du Burger King) Elle en profita pour revenir sur le mode de payement. Sonny soupira et capta le regard de son amie, l’air sérieux. « Non, je ne veux toujours pas qu’on fasse moitié moitié. » Borné ? Pas du tout.

Ce fut alors à son tour de commander et comme à son habitude, c’est à ce moment là qu’il se décida enfin à regarder les différents menus proposées, sans se rendre compte que la caissière paraissait plus que mielleuse avec lui. Puis et après avoir passé deux petites minutes à choisir, il baissa les yeux sur la jeune femme en face de lui. « Alors la même chose sauf que le hamburger c’est avec des oignons et des cornichons. » Sous l’air ahuri de la jeune femme, il expliqua. « un hamburger simple quoi. »

Une fois commander et servis, le couple ou du moins le semi couple se dirigea vers une table, celle au fond de la table, prêt de la fenêtre. A peine installé, Mary-Jane parut furieuse. Il le constata sans peine, son regard était noir et elle n’avait pas l’air de plaisanter. Sonny ne sut quoi dire. Il ne l’avait pas remarqué, trop occupé à commander et surtout à penser à MJ. « Elle me draguait ? » dit-il surpris. Il attrapa une frite. « Je ne crois pas qu’elle me draguait. Elle faisait juste son boulot. » Il se retourna vers le comptoirs et regarda longuement la caissière pour reposer son regard sur Mary-Jane. « Tu dois être parano MJ. » Lança-t-il avec amusement. Seulement, son amie n’avait pas l’air de s’amuser de la situation. Alors sous ses regards noirs et furieux, Sonny changea de conversation. C’était mieux ainsi. « Tu sais » Il parut hésiter une seconde mais il reprit dans la foulée. « Être avec toi, ça me manquait. Je veux dire, être que tout les deux. » souffla-t-il en plongeant son regard dans celui de son amie. Finalement oui, il n’avait pas oublié à quelle point sa compagnie était agréable.

Devant la caisse, Mary Jane était assez angoissé, en réalité ce n’était pas arrivé seulement à cet instant précis, c’était comme ça depuis deux jours déjà, sauf que là, recommencer à s’afficher publiquement avec Sonny dans un lieu aussi connu du lycée que le Burger King était un gage d’espérance pour la jeune fille. Elle savait que reconquérir le cœur de Sonny ne se ferait pas en une soirée, que cela prendrait du temps, qu’elle devrait le surprendre, lui dévoiler qu’elle pouvait changer, mettre plus de piment dans leur couple s’il le fallait. Car en effet MJ pensait que c’était à cause de cette saleté de routine qu’ils avaient cassé, elle ne savait pas les véritables raisons de son ami. C’est pourquoi elle trouva que faire un ciné et aller grignoter avant n’avait rien d’original pour eux, c’était déjà ce qu’ils faisaient à l’époque ou ils étaient ensembles. Et comme elle pensait qu’il en voulait plus, elle se demanda s’il n’était pas déçu d’être là avec elle. Elle l’observa et le connaissant bien elle en déduit que non, il semblait content d’être ici avec elle. Ce qui en soit la rassurant pour le moment.

Elle lui jeta un regard noir quand il fit une remarque comique à la caissière, un hamburger normal, ah ah ah ce n’était pas drôle, mais en réalité si un peu tout de même, c’est vrai qu’elle chipotait beaucoup sur la nourriture. Elle lui donna un petit coup de coude pendant que la serveuse préparait leur plateau. Elle aurait aimé lui prendre la main, le toucher mais elle n’osa pas, ce n’était pas le bon moment, elle devait attendre le bon moment, le meilleur moment pour le faire.

« Quoi fais pas celui qui à rien vu ! » s’indigna t-elle alors que Sonny lui assurait que la serveuse n’avait rien de mal. Devenait-elle réellement parano ? Ou était-ce sa jalousie qui ressortait subitement, comme à chaque fois qu’une fille se tenait trop près du jeune homme, et que cette fille n’était pas elle ? Possible, même fort probable. « M’ouais » lâcha t-elle pour clôturer la conversation, pour ne pas partir dans une crise de jalousie incontrôlable.

Puis venant de nulle part, alors qu’elle ne s’y attendait pas et qu’elle tentait de se calmer, il lui sortit ça comme ça. Elle le regarda la bouche ouverte. Venait-elle de rêver ou avait-il bien dit exactement ce qu’elle voulait entendre ? Elle aurait pu se pincer sans être vu elle l’aurait fait, peut-être même se serait-elle gifler pour vérifier qu’elle était bien réveillée, mais elle n’en fit rien, de peur de passer pour une folle furieuse. Elle ferma alors sa bouche, réalisant enfin qu’elle était restée ouverte bien trop longtemps. « A moi aussi » avoua t-elle à son tour. C’était le bon moment là non ? Elle posa son bras sur la table, et sa main parcourut le chemin qui la séparait de celle de Sonny, elle hésita un cours en fixant ses doigts. Il ne bougeait pas sa main, c’était bon signe non ? Il n’allait pas la retirer au dernier moment quand même ? Elle le regarda alors dans les yeux, pendant que ses doigts se faufilaient parmi ceux de Sonny. Elle caressa doucement ses doigts, ce contact, sa peau, ce geste semblait si lointain, c’était comme c’était la première fois qu’elle le touchait, elle ressentait les mêmes sensations. « Tu me manques » dit-elle alors. « Terriblement » ajouta t-elle, oubliant totalement le lieu ou elle se trouvait. Le temps, le lieu n’avait plus d’importance, seul Sonny en face d’elle l’était. « Je ne comprends pas » lui expliqua t-elle. « Pourquoi ?... pourquoi tu t’efforces à rester loin de moi alors que je sais très bien que… afin en tout cas… moi… je… je… » elle stoppa net réalisant qu’elle était peut-être en train de foutre en l’air leur soirée. Mais elle devait tellement savoir, elle voulait tellement qu’il lui donne enfin des explications. « je veux tout faire pour que tu reviennes » termina t-elle enfin en cessant de bégayer.

« Je peux faire des efforts, je peux changer s’il le faut ! » lui dit-elle alors en espérant tellement au fond d’elle qu’il accepte. « Si c’est parce qu’on… » elle baissa alors la voix comme s’ils étaient espionnés alors que personne n’était présent à côté d’eux. « on a rien fait » finit –elle en rougissant à ce souvenir. « je veux vraiment changer, donnes moi la chance de changer, je ne te décevrais plus, je te le promets, Sonny ». Elle était maintenant enfin prête à faire le grand saut, elle n’avait pas réussi la première fois, sans doute le stress, la peur du lendemain de ce que cela aurait changé, mais maintenant après l’avoir perdu, elle savait qu’il était le bon, l’unique, elle voulait que ce soit avec lui sa première fois et les autres derrières aussi. « Je t’aime toujours ». Voilà c’était dit, les trois petits mots fatidiques avaient enfin franchi la barrière de ses lèvres.

« A moi aussi »

Ces mots résonnèrent en lui comme un échos lointain, inattendu. C’était trois mots simple, basique et pourtant. Ces trois mots firent battre le cœur de Sonny un peu plus fort, résonnant en lui d’une façon qu’il avait connu autrefois. Quand pour la première fois, ses lèvres s’étaient posés sur celle de Mary-Jane, quand pour la première fois ses mains avait épousé son dos, quand pour la première fois il avait ressenti du désir pour elle. Son cœur battait la chamade. Ses yeux se posèrent dans ceux de son amie alors que ses doigts s’entrelaçait au siens avec tendresse. Le contact de sa peau le fit frémir. A la fois, surpris, et heureux de son geste, Sonny laissa son pouce dessiné des cercles dans la paume de main de Mary-Jane. Il aurait voulu suspendre le temps pour mieux apprécier ce moment mais malheureusement ce n’était pas le cas. Pourtant, la réalité le rattrapa. Sonny, baissa alors les yeux, gêné.

Elle croyait que c’était de sa faute. Cette révélation parut assombrir Sonny qui ne releva le regard que lorsqu’elle lui avoua qu’elle l’aimait toujours. Il n’y avait pas pire situation. Au fond, Sonny n’avait jamais cru que MJ allait être autant touché, qu’elle penserait que c’était de sa faute. Le jeune Prescott se sentit soudain mal à l’aise. Que devait-il dire ? Mentir ? Encore ? Il inspira profondément. « Oh, Mj .. Je » Le rouge lui monta au joue alors que ses doigts caressaient toujours ceux de son ex petite amie. « Ce n’est pas parce qu’on à rien fait. » Bien qu’il aurait voulu franchir le pas avec elle. Il avait cependant toujours été respectueux envers elle. Si lui était prêt, elle ne l’était peut être pas.

« MJ » Il planta son regard dans le sien. « Tu ne m’as jamais déçu. C’est ma faute si on a rompu. » Il parut réfléchir un instant, cherchant ses mots. « J’ai .. » Devait-il avoué ses tords et ses bêtises ? Il lâcha soudainement la main de son ex petite amie. « J’ai eu peur » Avoua-t-il honteux d’admettre sa faiblesse alors qu’il avait toujours été le premier dans tout ce qu’il entreprenait. « J’ai eu peur de toi .. Enfin de la place que tu prenait dans ma vie. » Continua-t-il, les yeux toujours posé sur son hamburger. « Je ne savais pas que rompre ferait aussi .. Mal. » Il releva les yeux. « Mais je pensais que de toute façon, si j’avais peur, on irait pas bien loin tout les deux. Mais j’ai compris, que tu me manquais. »

Si, le je t’aime était sorti facilement des lèvres de Mary-Jane. Celle de Sonny restèrent clos à ce sujet là.

[ pardon pour la mediocrité Embarassed

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Avait-elle oublié qu’ils étaient normalement là justes pour manger avant une sortie cinéma entre ‘amis’ ? Sans doute. Elle avait tellement espéré pouvoir se confronter à lui pour enfin parler des raisons de leur rupture. Elle s’était imaginée toute sorte de scénarii étranges, du genre Sonny avait viré de bord à cause d’elle car il s’était enfin rendu compte que les filles ce n’était pas pour lui, ou encore qu’elle n’était qu’une simple expérience pour s’entrainer avant de sauter dans le grand bain des séducteurs, et même qu’il en aimait une autre en secret depuis des semaines et qu’il n’avait pas encore osé le lui dire…

C’est alors que les mots sortirent de sa bouche si vite qu’elle n’eut même pas le temps de les regretter. Elle avait le droit de savoir, elle serait assez forte, ou peut-être pas, mais au moins elle devait avoir la vérité et non ses propres spéculations en guise d’explication. Elle le voulait tellement pour elle, que si il lui avait annoncé qu’il y en avait une autre, elle aurait d’un : eu le cœur brisé, deux : serait extrêmement jalouse, et de trois : piqué une crise devant toutes les personnes du restaurant.

Sonny ne la repoussa pas et quand elle eut enfin fini de déballer son sac, elle attendit qu’il réagisse. Il ne semblait pas aussi distant qu’elle l’avait imaginé dans ses cauchemars, il semblait plus rempli de culpabilités, ce qu’elle n’allait pas tarder à comprendre.

Elle rougit à son tour quand il lui avoua que cela n’avait rien avoir avec le sexe. Mais alors quoi ? Elle patientait et commençais à ne plus rien y comprendre, pourquoi serait-ce uniquement de sa faute ? Un couple est constitué de deux personnes non ? Pourquoi devait-il toujours prendre les fautes justes sur lui ? Et être à chaque fois le fautif de tout ? Elle voulut rattraper sa main quand Sonny lâcha son emprise, mais il allait trop vite et ne lui en laissa pas le temps. Les mots du jeune homme qui suivirent la laissèrent pantoise. Ca, elle ne l’avait pas imaginé, non. Alors comme ça il souffrait autant qu’elle, et l’absence de l’autre était cette douleur ?

Elle se leva d’un bond, et franchit l’espace qui la séparait de Sonny pour aller s’assoir à ses côtés sur la banquette. Elle laissa entre eux un faible espace mais un espace de tout même pour ne pas trop le coller avec autant de révélations. « Peur ? » répéta t-elle plus pour elle-même. Elle aussi avait eu peur, elle ne l’avait jamais avoué non plus. « Pourquoi ne m’avoir rien dit ? Je t’aurais écouté, on se disait tout avant non ? J’aurais compris » lui expliqua t-elle en le forçant à relever la tête en soulevant son menton avec ses doigts tremblants. « Tu sais… moi aussi j’avais peur… peur de franchir le cap même si tu es celui avec qui j’ai le plus envie de la faire » avoua t-elle pour expliquer son point de vue. « J’ai peur de l’importance que tu as dans ma vie, sans toi je ne suis qu’un légume, sans aucun intérêt » confessa t-elle.

Ses mains allèrent se blottirent contre le torse de Sonny, elle pouvait sentir les battements de son cœur à travers de sa chemise. « Ne me refais plus jamais ça, compris ? »